Dimanche 18 mars
(Cécilia) Après une journée de repos nous voilà en pleine forme pour réattaquer l’exploration…
Nous commençons par le réseau situé après la lunule. Elle se constitue d’une escalade d’une dizaine de mètres, suivi d’un puit de la même hauteur, donnant sur un lac… A vrai dire nous ne sommes plus étonnés de passer de puit en escalade…
Faisons demi-tour et essayons maintenant de retrouver ce courant d’air qui se perd en plafond de ce grand méandre !
Et c’est parti pour une nouvelle escalade, c’est Abel qui s’y colle sur les 15 premiers mètres. Là-haut ça continue de monter et le zef est de retour !
Julien prend la relève sur les 10 prochains mètres mais il commence à se faire tard, nous sommes sur le point de faire demi-tour quand Julien trouve un passage étroit qui nous mène dans un réseau supérieur. Ça part dans tous les sens, à gauche, à droite, en bas… on explore ce qu’on peut mais on s’est vite heurté à un puit (évidement) qui a l’ouïe, doit faire dans les 60m de profondeur. En face il y a une galerie qui file… Louis et moi avons arrêté la topographie car il y en aurait pour des heures, mais Louis prend tout de même quelques mesures (des centaines de mètres).
Nous pensons être proche de la surface, car ici se trouve pleins de racines, un cimetière d’escargot, une chauve-souris, de grosses araignées et, personnellement, il me semble même sentir cette odeur d’humus…
Il se fait vraiment tard maintenant, et si nous voulons manger ce soir, car les restaurants ferment tôt, il va falloir songer à sortir, mais avant cela nous avons une décision importante à prendre sur la suite de l’exploration dans cette cavité.
En effet il ne nous reste plus beaucoup de matériel, et nous avons d’autres explorations prévues. De plus, notre objectif ici, était d’essayer de rejoindre la rivière afin de faire la jonction avec la résurgence de la Tham Chang.
Nous nous concertons, et décidons d’arrêter l’exploration ici. Ça nous fait tout de même mal au cœur de laisser ainsi un si beau tableau, mais relativisons, nous n’avons quasiment plus de matériel pour continuer cette explo.
Nous prenons donc le chemin du retour, déséquipons et trouvons un restaurant in extrémiste.
En bref dans cette cavité nous avons découvert environ 300m de réseaux (et une partie non topographiée), fait 7 escalades, équipé 5 puits, le tout durant environ 26 heures d’explorations sur 3 jours. Cette cavité d’atteint désormais 500m de réseaux connus à ce jour, et un réseau supérieur reste à être topographié dans les moindres recoins.
Lundi 19 mars
(Cécilia) Aujourd’hui c’est journée repos, il fait très chaud alors pourquoi ne pas aller se baigner ?? Comme bons spéléos nous décidons d’aller nous baigner à la résurgence de la Tham Chang, là où nous espérions sortir la veille. L’eau est si bleue, l’eau est si chaude…nous nous engouffrons à la nage dans les 150m de réseau.
(Louis) Au fond la rivière se divise en deux branches qui se terminent chacune sur un siphon. Au-dessus de l’un deux le reste d’un fil d’Ariane est accroché sur une arête de roche. Il y a donc eu une expé plongée ici par une équipe inconnue (je n’en ai trouvé de mentions nulle part)..
Mardi 20 mars
(Cécilia) Aujourd’hui nouvelle exploration prévue !
Après 45 minutes de marche à travers rizières et jungle nous arrivons à l’entrée de la Tham Houey Yè (La grotte du ruisseau Yè). Cette cavité se sépare en deux grands réseaux, nous allons dans l’un pour voir si nous avons la possibilité de passer un siphon, souvent amorcé. Ce ne sera pas le cas cette fois ci, nous commençons donc les explos par celui-ci.
Nous sommes en fin de saison sèche, les niveaux d’eaux sont très bas, mais à contrario nous approchons de la saison des pluies, il faudra donc être très vigilant avec la météo car malgré l’expérience de Louis dans les cavités laotiennes, nous n’avons pas connaissance de la vitesse à laquelle les réseaux peuvent se mettre en crue.
Nous passons quelques gours mouillants, traversons ce gigantesque réseau (volumes St Marcel d’Ardèche) jonché de sable où le courant de la dernière crue a laissé la marque des vagues au sol, et traversons ensuite une zone boueuse.
La boue est complétement lissé par la dernière crue, c’est tellement beau, et les traces des explorations précédentes ont complétement disparue. Mais attention aux glissades… Personne ne sera épargné !
Le sable est à nouveau présent et la galerie se ferme par une grande trémie que nous escaladons sur 20 mètres. Après 150m de progression dans les blocs nous rejoignons un réseau aux volumes plus modestes mais tout de même vastes, et nous arrivons là où les explorations précédentes furent arrêtées, devant une nouvelle trémie.
On se faufile dans les blocs et Abel commence par équiper une escalade de 10m rapidement franchie. Nous arrivons dans une très grande galerie concrétionnée. Les uns vont à gauche et continuent de monter, d’autres vont à droite, mais à cet endroit la galerie est coupée par un gigantesque puit de plusieurs mètres de diamètres.
Il semblerait tout de même que nous pouvons passer en plafond ! Julien équipe une main courante à travers des concrétions et nous voilà sur un balcon nous permettant de passer au-dessus du puit, mais un second soutirage tout aussi grand est sur notre passage.
Notre timing nous empêche d’aller plus loin aujourd’hui, la météo est incertaine, nous ne voulons pas prendre de risque avec le siphon, alors nous rebroussons chemin.
(Louis) En ressortant nous voyons qu’il n’est pas tombé une goutte, pourtant certains sites météo annonçaient des orages à partir de 16 heures, ce qui nous a décidé à sortir tôt. En fait il n’y aura pas la moindre pluie entre le 14 mars et le 6 avril et les prévisions météo se révéleront très imprécises et différentes selon les sites.
Mercredi 21 mars
(Cécilia) Christelle et moi allons tester les massages Laos pendant que les hommes retournent dans la Tham Houey Yè.
Ce sont deux effondrements allant jusqu’à 35m de profondeur qui coupent encore cette galerie. Ils posent des mains courantes afin de passer par-dessus, ou équipent un puit suivi d’une escalade lorsque ce n’est pas possible.
Il y a désormais un passage sur la droite, ils quittent alors la galerie principale et progressent dans ce nouveau réseau. Ce n’est pas facile d’évoluer, il faut à nouveau équiper une main courante qui les mènent dans une galerie très concrétionnée avec plusieurs embranchures.
Ils se heurtent rapidement à un soutirage d’environ 60m de profondeur. Devant équiper une vire de trente mètres pour passer au-dessus, ils décident de retourner dans le réseau principal et continuent l’explo dans celui-ci. Il est 21h30 quand je vois au loin au milieu des rizières 3 loupiottes qui se rapprochent du Guest House ! Avec Christelle nous sommes impatientes de savoir ce qui a été découvert ! Autour d’un bon repas nous avons le débrif de la journée…
(Louis) Abel, Julien et Louis vont reprendre l’exploration entreprise hier à Tham Houey Yè. Nous équipons le puits qui nous avait arrêté. Cette verticale d’une dizaine de mètres est un soutirage creusé dans une accumulation de galets. Une fois au fond, il faut grimper de l’autre côté pour accéder à la suite, ce qui n’est pas évident dans ces parois ébouleuses. Grâce à un petit piochon acheté au marché de Vang Vieng Abel creuse des marches et arrive en haut. Il installe une corde et nous le suivons.
La galerie principale se dirige vers le sud-est et s’arrête au bout de quelques dizaines de mètres seulement sur un nouveau soutirage qui barre toute la galerie ; il faudra donc encore équiper une vire, une de plus… nous risquons d’être à court de matériel. Heureusement nous avons trouvé des cordes laissées là depuis 2007 par les précédentes expéditions ; coupée en petits bouts, elles serviront pour les amarrages.
En attendant nous allons explorer la petite galerie qui se dirige vers l’ouest et nous tombons très vite sur….un soutirage. Il est cependant facile à franchir en équipant sur des concrétions. De l’autre côté la galerie se poursuit, puis tourne vers la gauche (nord). Après le passage d’une zone étroite bien concrétionnée la progression s’arrête sur une grande verticale, d’une profondeur estimée à une quarantaine de mètres. De l’autre côté, la suite de la galerie est visible, mais pour y arriver il faudra encore équiper une vire.
Abel escalade un cheminée près de l’embranchement, il s’arrête à la base d’une verticale estimée à une vingtaine de mètres.
Nous franchissons l’effondrement de la galerie principale en équipant une vire d’une quinzaine de mètres sur la gauche. En-dessous il y a une bonne vingtaine de mètres de creux.De l’autre côté, la galerie se poursuit dans la même direction, vers le sud-est, bien décorée de concrétions massives et gardant ses vastes dimensions, une quinzaine de mètres en moyenne. Au bout d’une centaine de mètres à peine la galerie est à nouveau barrée par un nouveau soutirage d’un volume impressionnant. Il sera plus facile à passer sur la droite, mais pour aujourd’hui nous faisons demi-tour en raison de l’heure tardive.
Jeudi 22 mars
(Cécilia) Aujourd’hui c’est farniente ! Après un excellent repas à la ferme organique nous nous séparons pour vaquer chacun à nos occupations.
Vendredi 23 mars
(Cécilia) Abel, Christelle et Louis retournent à la Tham Houey Yè. Pendant que Louis et Christelle topographient, Abel reprend l’équipement, coupe des cordes et récupère un maximum de quincaillerie (nous décidons de laisser la cavité équipée) et continue en posant une main courante. Pendant ce temps Julien et moi digérons le repas mal passé de la veille au soir.
(Louis) C’est reparti pour Tham Houey Yè. L’équipe composée d’Abel, Christelle et Louis a pour objectif de franchir ce nouveau soutirage pour continuer l’exploration. En passant nous changeons la corde en place depuis 2007 dans la grande escalade et qui est complètement tonchée. Abel équipe la vire et l’obstacle est franchi. La topographie montrera que ce soutirage est le vide que j’avais vu depuis le bas en 2007. Nous sommes bien dans la galerie aperçue au sommet d’une grande paroi que nous n’avions alors pas eu le temps d’escalader ; voici un objectif atteint. La galerie conserve la même direction sud-est et une fois de plus nous ne pourrons pas parcourir plus d’une centaine de mètres d’un coup. La galerie tourne sur la gauche et rejoint sur un autre énorme conduit parallèle, celui-ci vide de remplissage. Nous débouchons à une vingtaine de mètres du sol de cette galerie. Sur la droite nous la voyons se prolonger au loin, à gauche un virage nous cache la suite. Il faudra encore équiper pour descendre dans cette galerie mais ce sera pour un autre jour car pour l’instant il est l’heure de rentrer
Samedi 24 mars
Repos.
La 19eme expédition spéléologique à Vang Vieng (Laos) depuis 1998 s’est déroulée du 14 au 29 mars 2018.
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